Monsieur le Maire,
Monsieur l’adjoint aux finances,
Mes chers collègues,
Ce soir nous débattons sur le traditionnel débat d’orientation budgétaire.
Le contexte économique et social national pèse lourdement sur votre gestion et ce malgré le changement de majorité nationale, cependant il n’est pas, « malheureusement », sommes-nous tenté de dire, la seule cause de la situation financière de notre ville.
Vous soulignez l’ampleur de la dette des Etats et les menaces qu’elles font peser sur leur gouvernance : vous nous révélez ainsi votre pleine conscience que le principe même d’une dette est un poison, rejoignant ainsi François Bayrou qui fut le premier à en dénoncer le caractère désastreux.
Oui, nous constatons, impuissant, au désengagement de l’Etat dans le financement des collectivités locales. Ceci est un fait avéré, incontestable et inacceptable. Cependant, il convient de le prendre en considération, ce qui implique une vigilance accrue dans la bonne gestion de l’argent public. Les temps ne sont plus à la gabegie.
Au-delà des effets de la suppression de la taxe professionnelle, s’ajoute la baisse du nombre des entreprises présentent sur notre territoire et qui représente un manque à gagner significatif pour les finances de la ville.
Citons par exemple :
o Le départ de Sony, qui représente 250 000 Euros de recettes en moins,
o Le départ d’une entreprise du 51 rue Pierre qui représente 210 000€ de perte de recettes fiscales pour 600 000 Euros de charges de fonctionnement, et alors que la ville, propriétaire à 85%, doit sérieusement envisager la cession de ses parts.
Concernant le poste numéro 1 des dépenses de fonctionnement (55%), à savoir la masse salariale, celle-ci est toujours critique ; rappelons qu’elle est aussi la conséquence d’un recrutement massif d’avant les municipales de 2008. A un an de l’élection municipale de 2014, espérons que l’histoire ne se répétera pas !…
Nous constatons par ailleurs une augmentation sensible du nombre de demandeurs d’emplois entre 2011 et 2012 et des bénéficiaires du RSA.
Nous leur devons solidarité et encouragement pour les aider à se former ou à se réorienter, comme cela se traduit positivement au travers du maintien des moyens consentis par la ville auprès des jeunes comme des plus de 26 ans, dont les séniors, qui sont de plus en plus nombreux.
Nous devons aussi mettre tout en œuvre pour mieux rapprocher les employeurs de nos concitoyens en recherche d’emploi : nous pensons que nous gagnerions à structurer l’animation de la communauté des employeurs Clichois, ce qui n’est qu’une réalité partielle à ce jour !
La ville s’est fortement densifiée au cours de cette décennie. Clichy compte désormais 59 228 habitants.
Trois commentaires s’imposent :
- Le constat tout d’abord que 42 % des Clichois ne sont pas imposables sur le revenu.
- Concernant la dette par habitant : Clichy reste la deuxième municipalité des HDS à faire partie des 10 villes les plus endettées de France et ce, malgré l’effort de désendettement consenti ; citons les 133 M€ en 2008 et les 151 M€ aujourd’hui. Même si d’autres villes peuvent toujours faire pire que nous, certaines d’entre elles proposent un dynamisme, un niveau de services et un cadre de vie significativement supérieur au notre.
Nous ne pouvons en conséquence pas décider de mener une politique volontariste de densification immobilière et démographique supplémentaire.
Alors oui, face aux difficultés que Clichy rencontre avec une crise qui perdure, notre devoir de bien gérer localement s’impose avec d’autant plus d’acuité.
Nous nous félicitons que vous acceptiez, comme nous l’avons demandé, de ne pas augmenter à nouveau cette année les impôts cette année.
Heureusement que le prix du foncier, toujours trop cher pour celui qui achète, reste cependant modéré par rapport à nos voisins, sinon Clichy ne serait guère attractif.
Un mot sur la politique de développement durable. Nous restons persuadés aujourd’hui que cet enjeu majeur, n’est pas suffisamment intégré et vécu dans la politique globale de la ville.
Vous considérez trop le développement durable, qui est pourtant une nécessité pour toutes celles et ceux qui veulent respecter le cadre de vie, les ressources de la planète et les citoyens, sur le seul axe de l’environnement. Or, une ville durable, pour nous, au MoDem, c’est une ville qui sait allier la qualité de vie des habitants avec un territoire durable qui prend en compte l’avis de ses citoyen, qui ne densifie pas à outrance : c’est ainsi devoir mener une politique véritablement transverse à tous les secteurs d’activités, qu’ils soient dans le domaine social, économique ou environnemental.
A Clichy, l’agenda 21 n’a pas irrigué nos méthodes de travail et nos relations avec les parties prenantes.
Un mot aussi sur les logements et plus exactement notre souhait maint fois énoncés de disposer dans notre ville de logements de tailles F4 ou F5 en nombre accru permettant d’accueillir les familles. L’effort n’est pas assez net sur le sujet. Une famille ne peut rester à Clichy, sauf à vivre de façon entassée. Nous le déplorons.
Revenons à la section de fonctionnement : vous évoquez les efforts des services municipaux à lutter contre tous les gaspillages : très bien. Mais pensez aussi aux conditions de travail de nos employés communaux eux-mêmes car il ne nous semble pas que leur morale soit au beau fixe.
Comme nous le recommandions déjà les années précédentes, un diagnostic externe sur cette importante question mérite d’être programmé.
Vous avez diminué de 15% les budgets de la ville pour pallier aux déficits, et ce, sans engager de réflexion en profondeur sur une forme rénovée de l’action publique.
Sans axe stratégique, sans projets préalablement cadrés, diminuer abruptement les budgets des services n’aura qu’un seul effet : dégrader l’action de la ville sans procéder aux réorganisations et aux économies qui s’imposent.
Ø A quand un audit sur la rationalisation des services ?
Sur un autre sujet, nous regrettons aussi que ce mandat, comme les précédents, ne vous a pas permis de lancer un projet sur le renouveau du centre Léon Blum, véritable foyer de pertes (déficit de 370 000€ en 2012 repris sur le budget principal).
En revanche, nous ne pouvons que vous suivre dans la vente de Murat-le-Quaire, devenue nécessaire en raison de la vétusté de ce lieu qui génère des coûts de plusieurs centaines de milliers d’Euros/an !
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En synthèse, les orientations exposées dans le document sur lequel nous débattons ce soir invite notre ville à vivre une année 2013 de rigueur budgétaire où toute marge de manœuvre favorisant les investissements est quasi nulle. Les mesures prises, d’un point de vue purement financier, tant sur la limitation des investissements que la maitrise de la dette sont nécessaires et nous y souscrivons.
Concrètement, sans oublier l’important programme ANRU de rénovation des quartiers Entrée de ville et Victor Hugo, nous regrettons que des projets majeurs de développement et de transformation de Clichy n’aient pas vu le jour, à l’image du Quartier Bac d’Asnières qui tarde à se développer, même si le parc des impressionnistes et le collège Van Gogh ont vu le jour, et alors même que le syndicat mixte associant le Conseil général des Hauts de Seine et la ville de Clichy vient d’être dissous après 10 ans au cours desquels études et projets se sont succédés, engendrant des dépenses importantes sans résultat concret. Nous saluons à ce titre le collectif des habitants du Bac d’Asnières qui s’est spontanément mobilisé pour réclamer l’accélération du projet de développement de leur quartier.
Clichy jouit d’une situation stratégique dont les atouts devraient pouvoir s’affirmer à la faveur d’un rayonnement vers la Capitale au sud, l’axe Seine et la Défense à l’ouest, ou encore Asnières au nord. C’est dans ce cadre que se dessinent les contours de notre intercommunalité qui tarde à se concrétiser.
Au-delà du contexte économique et social dont les effets représentent un handicap évident pour le maintien d’une situation financière saine pour notre ville, s’ajoute selon nous un manque de vision, d’anticipation et de méthode pour maintenir les conditions de la poursuite du développement de Clichy, et que tous les Clichois, dans une véritable mixité sociale et culturelle, doivent pouvoir bénéficier.
Le MoDem, soucieux de transparence, d’échanges sincères dans un climat apaisé et constructif, ne se retrouve pas à ce jour dans le travail collectif qui devrait être le notre.
Mais nous reparlerons de tout cela au moment du vote du budget le mois prochain.
Stéphane Cochepain, pour le Groupe Mouvement démocrate –MoDem-, Jean-Marie Sarrot, Sébastien Renault.
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Intervention lue par Stéphane Cochepain puis Sébastien Renault pour la synthèse au Conseil Municipal du mardi 26 février 2013.